5Sep
Robotique collaborative, personnalisation de masse… Que vous réserve l’industrie 4.0 ?
Faouzi Grebici, industry solution manager chez Omron – spécialiste des composants électroniques, des systèmes d’automatisation ainsi que des produits médicaux et paramédicaux – porte un regard optimiste sur la robotique collaborative et sur l’industrie 4.0. Il estime ainsi que cette dernière peut être « considérée comme une occasion de changer la façon dont les choses sont produites ». Rencontre.
Que vous évoque l’expression « industrie 4.0 » ? De nouveaux modes de fabrication ? Un partage de l’information plus poussé ?
C’est, selon moi, un passage de la production de masse à la personnalisation de masse. En effet, jusqu’à présent, le partage de l’information se faisait de l’opérateur à la machine, de la machine à la machine, et de la machine à l’usine. Aujourd’hui, une nouvelle dimension est devenue réalité : l’interaction entre le consommateur et le fabricant. C’est elle qui va avoir les plus grands effets sur la façon dont l’industrie va évoluer dans l’avenir.
Que va donner cette évolution de l’industrie ? À quoi faut-il s’attendre ?
Les sites de fabrication vont se rapprocher de leurs consommateurs. Ils seront plus habiles et plus petits, extrêmement agiles et reconfigurables en temps réel. Ils pourront ainsi s’adapter aux changements de goûts des acheteurs, qui arrivent très souvent. Ainsi, au-delà des exigences classiques de rentabilité, un nouvel impératif va se développer : coller le plus possible aux attentes des consommateurs, vus comme des individus et non une « masse » !
On imagine que cette agilité s’appuiera sur une robotique plus poussée, plus souple. Quelle est la place de l’humain dans tout ça ?
Omron a développé le concept d’usine NEAR, pour Networked (connectée), Efficient (efficace), Agile (agile, bien sûr) and Responsible (responsable). Celle-ci ne fait pas disparaître l’humain. Elle modifie simplement sa présence. Ainsi, les usines intelligentes auront besoin de personnes plus intelligentes. Les femmes et les hommes sont passés d’un rôle de travailleur à un rôle d’opérateur. Maintenant, à l’ère de l’information, le rôle de l’humain évolue de l’opérateur au créateur.
Revenons à la robotique collaborative et à la personnalisation massive des produits. Comment, techniquement, rendre possible cette production nouvelle génération ?
Il va s’agir de perfectionner l’art de rendre les produits standards plus spécialisés. Le produit et la stratégie de production devront être conceptualisés. Le produit final résultant de l’assemblage personnalisé d’éléments produits à grande échelle, une plus grande variation du produit sera possible. Ce qui, je le répète, exige une plus grande agilité et une plus grande souplesse de la part de l’usine.
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Les industries pourront-elles construire un modèle économique viable avec cette méthode ?
C’est sans doute la partie la plus délicate. La production en masse se base sur un historique de production et sur des prévisions. La production personnalisée est soumise à d’importantes variations, puisqu’elle obéit à des demandes instantanées. Identifier le point de rupture entre la première conception, plus sécurisée, et la seconde, pleine de promesses, semble être un véritable défi. C’est là que la robotique jouera un rôle essentiel. Aujourd’hui, la plupart des tâches de personnalisation sont réalisées manuellement, au plus près de la ligne d’emballage finale.
Dans l’industrie 4.0, une automatisation de la personnalisation doit conduire à un lien entre la demande et la production des éléments standardisés rendant possible cette personnalisation. D’où l’intérêt, aussi, d’utiliser des véhicules autonomes intelligents. Ceux-ci ne doivent pas être considérés comme des remplacements simples d’humains au sein d’une chaîne de production, ou comme des solutions de transport de marchandises simples. Ils peuvent en effet offrir un moyen de repenser complètement un processus de production, en lui permettant de mieux répondre à la demande des consommateurs pour des produits personnalisés et forcément asynchrones, du fait même de la nature des demandes.
En somme, cette industrie 4.0 est pleine de promesses !
C’est une occasion de changer la façon dont les choses sont produites. Mais cela ne sera possible qu’en impliquant celles et ceux qui travaillent actuellement dans les usines : la collaborativité concerne en premier lieu, avant même les consommateurs, les femmes et les hommes qui se trouvent physiquement dans les industries !
